
Obéissantes et assassines
Sarah Bernstein
Éditions du sous-sol - 2025
Au tournant des saisons, dans une grande et sombre demeure au milieu de la forêt, une narratrice (peu fiable) nous raconte. Elle s'est installée ici, chez son frère récemment quitté par sa femme et ses enfants, afin de s'occuper de lui. Elle se consacre aux tâches ménagères, à la découpe du bois, lui lit le journal, le lave même, l'habille. Elle ne parle pas la langue de ce pays reculé du nord, où vivaient cependant leurs ancêtres persécutés. Peu à peu, d'étranges évènements se produisent autour d'elle : une hystérie bovine conduit à l'extermination du cheptel local, une brebis sur le point de mettre bas est prise dans une clôture, une chienne tombe mystérieusement enceinte, une épidémie de pomme de terre se propage... Les villageois paraissent accuser la narratrice, incapable de se défendre. Quand son frère revient de voyage, lui-même semble atteint par un mal étrange...
Obéissantes et Assassines est un roman gothique et troublant, à l'écriture envoûtante, qui interroge la crédulité du lecteur, constamment sur le qui-vive, et explore les liens entre le pouvoir et la peur de l'autre. Un tour de force littéraire brillamment mené sous l'égide de Paula Rego et Marie NDiaye.
Ça commence comme ça :
" C'était l'année où la truie avait éradiqué ses porcelets. C'était une période vive et menaçante. Une chienne de la région faisait une grossesse nerveuse. Les objets quittaient un endroit pour surgir ailleurs. C'était le printemps lorsque je suis arrivée au pays, pendant que soufflait un vent d'est, un vent inusité, s'avéra-t-il. "
L'étrangeté qui baigne ce texte, premier roman d'une jeune canadienne, tient autant à l'atmosphère d'hostilité de ce huis clos campagnard qu'à la subtile préciosité de la langue. Pourquoi tous détestent notre narratrice ? Un roman court en terme de pagination, mais qui s'avère plus épais qu'on ne le croirait.
" C'était l'année où la truie avait éradiqué ses porcelets. C'était une période vive et menaçante. Une chienne de la région faisait une grossesse nerveuse. Les objets quittaient un endroit pour surgir ailleurs. C'était le printemps lorsque je suis arrivée au pays, pendant que soufflait un vent d'est, un vent inusité, s'avéra-t-il. "
L'étrangeté qui baigne ce texte, premier roman d'une jeune canadienne, tient autant à l'atmosphère d'hostilité de ce huis clos campagnard qu'à la subtile préciosité de la langue. Pourquoi tous détestent notre narratrice ? Un roman court en terme de pagination, mais qui s'avère plus épais qu'on ne le croirait.