Sa préférée

Sa préférée

Sarah Jollien-Fardel

LE LIVRE DE POCHE - 2024

Jeanne apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa soeur semblent se résigner, elle lui tient tête. Un jour, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence. Dès lors, la haine et le dégoût lui servent de viatique. Après cinq années d'éloignement et de répit, le suicide de sa soeur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice. Habitée par la rage, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d'êtres bienveillants que sa sauvagerie n'effraie pas. Dans une langue syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Ce premier roman, sans apprêts, vif et vrai, s'attarde sur les dégâts de l'abus sur le corps et ses désirs. Frédéric Roussel, Libération. La langue âpre de la romancière obéit à un rythme imprévu. Sa prose vous laisse la gueule ouverte avec un pansement sur la joue. Muriel Steinmetz, L'Humanité. Une économie de moyens doublée d'une force remarquable. Denis Cosnard, Le Monde des livres. Prix du roman FNAC Prix Goncourt des détenus Choix Goncourt de la Suisse Prix de la librairie Millepages (Vincennes).
Coup de cœur
Ça commence comme ça :
"Tout à coup, il a un fusil dans les mains. La minute d'avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence. Ma sœur jacassait. Comme souvent. Mon père disait "Elle peut pas la boucler cette gamine". Mais elle continuait ses babillages. Elle était naïve, joyeuse, un peu sotte, drôle et gentille. Elle apprenait tout avec lenteur à l'école. Elle ne sentait pas lorsque le souffle de mon père changeait, quand son regard annonçait qu'on allait prendre une bonne volée".

Un texte puissant, fragile, pudique et juste, sans concession, violent dès ses premiers mots mais jamais complaisant... bref, un grand livre !

À La Carline