Plus loin qu'ailleurs

Plus loin qu'ailleurs

Christophe Chabouté

Vents d'Ouest - 2025

Partir en restant  L'Alaska, la dernière frontière... Cette contrée sauvage et hostile, le rêve de chaque aventurier voyageur... J'ai rêvé de partir au bout du monde, arpenter ses grands espaces. Mais j'ai été contraint de rester Alors je suis parti en restant... J'ai attrapé des poissons trompettes, des canards striés et des lièvres à écharpes. J'ai pisté les traces et les empreintes de la faune locale. J'ai réussi à piéger un gibier inconnu. J'ai dompté un ours malgré une désinsertion partielle de l'extrémité astragalienne du faisceau péronéo-astragalien antérieur. J'ai vu tout ce qu'ils ne regardent plus, écouté et voyagé avec la musique d'un joli mot. Observé une chaise, prêté l'oreille à la couleur du son. J'ai valsé avec le futile et l'insignifiant, reconsidéré le négligeable... J'ai exploré et consigné les us et coutumes de cette contrée qui m'était si inconnue : le coin de ma rue... « Partir en restant ». On peut résumer par ces quelques mots l'aventure singulière que va vivre le nouveau héros de Chabouté. Après Musée et Yellow Cab, l'artiste, toujours en fin observateur, nous invite à saisir la poésie du moment banal, à chercher l'insolite ou à le provoquer, à s'étonner et à se surprendre de ce que l'oeil a déjà vu mille fois. Avec grâce, Chabouté nous offre un savoureux voyage, un voyage juste un peu plus loin qu'ailleurs, et nous redonne ce que la Société moderne nous prend : le temps de rêver.
Coup de cœur
Ça commence comme ça :
" Et toujours en train de gribouiller ! Calme cette nuit ?
Un type saoul, une carte d'abonnement perdue. La routine.
Qui te remplace pendant ton congé ?
André. "


"Si vous voulez changer votre vie, commencez par changer votre regard". Il fallait le talent, la poésie simple et touchante de Chabouté pour extraire de cette ligne narrative un tel potentiel de beauté, de bienfaisance, sans mièvrerie ni facilité. Il fallait aussi son génie dans le découpage, son inventivité graphique, son noir et blanc inimitable. Bref, Chabouté est encore une fois touché par la grâce ; ça fait du bien, on en redemande.