Russie, mon pays bien aimé
Elena Kostioutchenko, Anne-Marie Tatsis-Botton
Les Éditions Noir sur Blanc - 2024
9782882508997
Être journaliste, c'est dire la vérité. Avec Mon pays bien-aimé, Elena Kostioutchenko documente son pays, tel qu'il est vécu par celles et ceux qu'il efface systématiquement, par exemple les filles de la campagne recrutées comme travailleuses du sexe, les personnes queer des provinces éloignées, les patientes et les médecins d'une maternité ukrainienne - et les journalistes, dont elle fait partie.
Cet ouvrage est le portrait singulier d'une nation, et celui d'une jeune femme qui refuse de garder le silence. En mars 2022, alors qu'elle est reporter pour Novaïa Gazeta, l'un des derniers journaux russes indépendants, Kostioutchenko se rend en Ukraine pour couvrir la guerre. Elle se donne pour mission d'informer les Russes sur les horreurs que Poutine commet en leur nom. Elle sait dès le début que si elle retourne dans son pays, elle risque d'être condamnée à quinze ans de prison, sinon pire. Portée par la conviction que la plus grande forme d'amour et de patriotisme est la critique, elle continue à écrire, nullement découragée, les yeux grand ouverts.
Ça commence comme ça :
"Je ne me souviens pas de moi bébé, je me souviens de moi quand j'avais 4 ans, peut-être 3. Je me souviens de ma grand-mère, elle est morte quand j'avais 5 ans, donc je me souviens de moi avant cet âge. Elle se livrait à des taquineries blessantes et riait en me tapant sur la main. Elle était malade et n'était pas toujours consciente d'elle-même."
Alternant reportages et récits personnels, l'autrice décrit la Russie en profondeur, avec une lucidité d'autant plus terrible qu'elle coexiste avec l'amour de son pays. Grande admiratrice de la journaliste assassinée Anna Politovskaïa, comme elle travaillant pour Novaïa Gazeta, elle écrit: "en fait, il est impossible de se préparer à cette réalité: les fascistes, c'est nous. Moi, je n'ai pas pu." Et aussi: "L'espoir est dans la révolution, même si c'est effrayant."
Une lecture nécessaire.
"Je ne me souviens pas de moi bébé, je me souviens de moi quand j'avais 4 ans, peut-être 3. Je me souviens de ma grand-mère, elle est morte quand j'avais 5 ans, donc je me souviens de moi avant cet âge. Elle se livrait à des taquineries blessantes et riait en me tapant sur la main. Elle était malade et n'était pas toujours consciente d'elle-même."
Alternant reportages et récits personnels, l'autrice décrit la Russie en profondeur, avec une lucidité d'autant plus terrible qu'elle coexiste avec l'amour de son pays. Grande admiratrice de la journaliste assassinée Anna Politovskaïa, comme elle travaillant pour Novaïa Gazeta, elle écrit: "en fait, il est impossible de se préparer à cette réalité: les fascistes, c'est nous. Moi, je n'ai pas pu." Et aussi: "L'espoir est dans la révolution, même si c'est effrayant."
Une lecture nécessaire.